Interview de Thierry Degoul
Directeur de l’Infirmerie Protestante (Caluire-et-Cuire – 69)
Monsieur Degoul, vous êtes directeur d’un des établissements les plus importants de Lyon et de sa périphérie : l’Infirmerie Protestante. Cet établissement assure depuis presque deux siècles une prise en charge lourde et complexe des patients tant sur le plan médical que chirurgical. Vous définissez votre établissement en 4 notions essentielles, pouvez-vous nous les expliquer ?
Son caractère assiociatif : l’établissement procède d’une association loi 1901 à but nonlucratif qui a su conserver son autonomie depuis 173 ans. Un établissement indépendant donc qui développe une dynamique médicale globale. Elle met en avant la qualité de la prise en charge et du confort de vie avec pour souci premier l’ amélioration constante de la qualité. Par ailleurs, ce caractère associatif permet de réinvestir la totalité des fonds disponibles pour répondre à ces exigences.
Son indépendance : l’indépendance est ici synonyme de liberté des choix de son offre de service. Ce qui fait que l’ établissement s’est spontanément tourné vers les prises en charge lourdes et coûteuses. La gouvernance de l’ Infirmerie Protestante a réalisé ce choix depuis de nombreuses années, estimant que sa place est bien à ce niveau de soins.
Diversité d’offre de service : l’établissement se distingue par des pôles de compétences dans lesquels il s’attache à offrir le meilleur niveau d’expertise : un pôle cardio-vasculaire, un pôle viscéral et cancérologique et un pôle de spécialités diversifiées chirurgicales et médicales. La clinique s’inscrit dans la pluridisciplinarité au sein de chaque pôle.
Approche collaborative : les chirurgiens et médecins qui interviennent à titre libéral, travaillent dans une logique de réseaux publics et privés, en étroite collaboration avec leurs homologues, améliorant ainsi l’efficience des soins.
En synthèse nous avons coutume de dire que l’Infirmerie Protestante est un « service public » avec la dynamique du privé.
Les investissements bio-médicaux sont réalisés afin de parfaire la prise en charge de vos patients , quelles sont les dernières évolutions techniques réalisées au sein de l’Infirmerie Protestante ?
Dans le cadre décrit ci-dessus, l’établissement peut développer une vision de ses investissements sur le long terme, orientée vers la cohérence et l’ efficacité de son offre de service vis-à-vis de ses correspondants médicaux et des patients. Les derniers investissements lourds réalisés dans les 4 dernières années sont une salle hybride, un robot chirurgical DaVinci Xi, un écho-endoscope linéaire et enfin une salle de cardiologie interventionnelle complète. Nous avons aussi réuni les conditions de l’ installation d’un service de méde-
cine nucléaire sur site en collaboration avec le CHU et les CLCC Léon Bérard, ainsi que des équipes libérales. Le plateau technique de la clinique est donc attractif pour de jeunes praticiens souhaitant s’installer en offrant une gamme thérapeutique assez complète dans ces spécialités.
Votre établissement est un vrai bassin d’emplois pour la ville de Lyon avec plus de 500 personnes, comment gérez-vous le développement humain de chacun de vos collaborateurs ?
L’établissement a développé une politique de promotion interne à tous les niveaux de poste. Les recrutements externes sont effectués uniquement s’il n’existe pas de potentiel interne. Cette politique est stimulante pour le personnel d’autant qu’au-delà des postes hiérarchiques classiques, de nouveaux postes, nécessitant de véritables savoir-être et savoir-faire sont émergeants, par exemple en matière de coordination interne/externe de soins ou de soins de support. Cela ouvre de nouveaux débouchés au personnel.
La RSE a pris une part importante dans la Certification dès la V2010. Quelles sont les actions mises en place dans votre établissement liées à la RSE ?
Les actions sont multiples et vont du « relamping » au recyclage en passant par la multiplication des éclairages automatiques, les récupérateurs d’eau, des réglages de températures de plus en plus fins, le compactage de nos déchets ménagers. Nos consommations notamment électriques sont en baisse malgré un volume d’ activité augmentant ces dernières années. Nos charges liées aux postes concernés ont été stabilisées. Le chemin de l’optimisation est encore long d’autant qu’au-delà des grands principes la démarche RSE est avant tout un travail de fourmi du quotidien incluant de nouvelles habitudes pour le personnel.
Votre adhésion à la CAHPP date de 1984, quels sont les apports majeurs que vous observez dans le cadre de notre partenariat ?
Notre partenariat depuis le début a beaucoup évolué et nous sommes passés d’une collaboration « catalogue » à une démarche plus dynamique :
– d’une part, de groupement avec la création informelle d’une groupe d’achat d’une quinzaine d’établissements sur des achats pharmaceutiques courants (type drapage et casaque mais aussi médicaments), qui s’est révélé efficace et perdure dans le temps puisque ce « groupement » a été créé, il y a plus de 8 ans. La collaboration avec la CAHPP a été cruciale dans l’efficacité du groupe et dans sa pérennité en apportant une expertise non négligeable notamment dans les débuts.
– d’autre part, par la diversification des offres de la CAHPP il y a quelques années en matière logistique et achats autres que phar-
maceutique qui nous ont été utiles , lors du « reingenering » de notre politique achat , vers plus d’exigence qualité/prix. Dans ce cadre, nous avons apprécié le dernier audit menés par la CAHPP au sein de notre établissement.
– aujourd’hui, nous souhaitons travailler avec la CAHPP en direction d’ une expertise pointue dans les domaines à forts enjeux “qualité et économique”.
Je pense en particulier au domaine cardio-vasculaire. Beau challenge !