BlogCahiers de l’innovation

CLINIQUE DE L’OCCITANIE, MURET (31)
Bruno Jeanjean, Directeur
.Le hall chirurgical est un concept moderne et novateur qui tient compte des réalités des établissements de santé.
Sa modularité lui permet de s’adapter à la majeure partie des interventions chirurgicales. À la clé, une organisation
fluidifiée, des économies conséquentes, un contexte de surveillance anesthésie amélioré et un climat serein au bloc opé-ratoire. Attractif pour les jeunes médecins, cet équipement devrait connaître son essor dans les années à venir.
La clinique de l’Occitanie, seul établissement MCO au coeur d’un bassin de près de 300 000 habitants, joue le rôle d’Hôpital Privé de secteur. Soins aigus, maternité, et un service d’urgences qui recense près de 35 000 passages annuels.
L’établissement propose tous les types de chirurgie – hormis celles concernant le crâne et le cœur – et totalise hors endoscopie 15 000 interventions par an. À l’occasion d’un vaste projet d’extension (+ 6 000 m ), la clinique a opté en 2013 pour un nouveau bloc opératoire hybride, comportant des salles conventionnelles et un hall chirurgical. Elle est ainsi devenue le 1er établissement privé en France disposant d’un tel équipement.

« C’était l’occasion pour nous de tenir compte des contraintes defonctionnement actuelles et futures, en nous dotant d’un outil évolutif, modulable et attractif » explique Bruno Jeanjean, directeur. « Ce hall a été inauguré en février 2016.
Il est chez nous principalement dédié à la chirurgie orthopédique, mais plusieurs types d’activité peuvent cohabiter : chirurgie esthétique, ophtalmologique, stomatologie, interventions sur le rachis, etc. » Il est systématiquement utilisé sur les périodes d’astreinte (jours fériés, nuits et week-ends) car il permet une meilleure surveillance de la part de l’anesthésiste quand plusieurs plots sont simultanément utilisés.
Le principe est simple. Il s’agit d’un open space séparé en 4 îlots par des paravents. 3 îlots sont fonctionnels en même temps, pendant que le 4ème est préparé pour l’intervention suivante. L’enchainement des interventions, fluide, doit être de nature à accroître la productivité. M. Jeanjean précise : « Enamont, nous avons eu le raisonnement suivant : soit les équipes réalisent 25 % d’interventions en plus sur la même amplitude, soit nous réduisons l’amplitude horaire de fonctionnement du hall, à activité égale, donc les charges afférentes. »
Ce concept, c’est au CHU de Grenoble que les équipes de la clinique l’ont découvert.
C’était à l’époque le seul établissement français qui en était équipé. M. Jeanjean se souvient : « Nous nous sommes rendus sur place, avec les chirurgiens, les anesthésistes, le responsable du bloc et le responsable biomédical, au départ par curiosité.
Nous sommes tous revenus convaincus à la fois par des considérations spécifiques aux métiers de chacun mais aussi par un intérêt commun et unique. Dans la foulée, et pour nous conforter dans cette première impression, nous sommes allés à Zurich (dont s’était inspiré le CHU de Grenoble) voir le 1er hall de ce type conçu en Europe » et entendre le retour d’expérience des utilisateurs.
Après 2 années d’utilisation, les équipes sont enthousiastes.
« Ce nouveau pôle chirurgical présente d’énormes avantages en termes d’ergonomie et de mutualisation des équipes », assure le Dr Frédéric Limouzy, chirurgien orthopédique et ancien président de la CME. La modularité est en effet remarquable puisque les 4 îlots sont agencés et équipés de façon identique, tous les fluides arrivant par les plafonds. Des paravents sur roulettes garantissent l’intimité des patients et la protection contre les rayons X le cas échéant.
Cette ergonomie permet au hall d’accueillir tous types d’interventions pendant les astreintes. Le médecin-anesthésiste,assisté d’IADE, peut alors couvrir plusieurs interventions réalisées en urgence – sous anesthésie locorégionale ou générale – dont les césariennes. À la fin de la journée opératoire, le mobilier amovible est simplement déplacé et l’ensemble du bloc est nettoyé de façon industrielle à l’autolaveuse.
Autre atout, la mutualisation. « Nous ne sommes plus obligésd’avoir une panseuse par salle, et les anesthésistes peuvent d’un coup d’œil superviser plusieurs interventions tout en satisfaisant aux exigences réglementaires avec l’aide des IADE » apprécie M.Jeanjean.
Un espace technique partagé qui contribue aussi à l’amélioration de la « courbe d’apprentissage » des jeunes ressources immergées dans les blocs opératoires. Elles deviennent opérationnelles et pleinement autonomes plus rapidement que dans un environnement conventionnel.
Bénéfice secondaire de la cohabitation de 3 équipes dans un environnement partagé, l’ambiance lors des interventions
s’en est trouvée apaisée. Gestes et paroles sont mesurés. Dans ce hall, l’autodiscipline s’est imposée naturellement et à tous les plans. « Les équipes peuvent tout à fait poser une PTH d’un côté et réaliser une chirurgie abdominale 4 mètres plus loin, à condition que tout le monde respecte sa partition, notamment concernant les déplacement dans le périmètre du hall » explique M. Jeanjean. Le strict respect des protocoles, condition sine qua non de maîtrise du risque infectieux, suffit ainsi à pallier l’absence de sas.
Au sein de la clinique, tous les acteurs du bloc opératoire se sont adaptés sans efforts à ce nouveau mode d’exercice.
M. Jeanjean est donc formel : « Je suis persuadé de l’efficience et la pertinence de ce concept, que les plateaux techniques intègreront rapidement, à mon sens, à hauteur de 30 ou 40 % lors des prochaines opérations d’extension, restructuration ou création.

L’avis des experts CAHPP :
Alain De Carvalho, Ingénieur Biomédical « CAHPP peut accompagner un établissement sur la création ou sur la restructuration complète de tous types de blocs opératoires, dont les halls chirurgicaux.
Ceux-ci ne requièrent pas de matériel spécifique, seule l’architecture change. Les tables d’opérations et luminaires sont identiques. Les îlots n’ont pas d’espace de stockage fixe (l’ensemble des équipements sont mobiles) : un chariot panseuse et des colonnes mobiles sont préparés pour chaque intervention, en fonction
de la spécialité.
Le seul point de vigilance, c’est la gestion des flux laminaires. Ils sont dirigés vers des zones précises, matérialisées au sol par un marquage et espacées de plusieurs mètres pour éviter tout brassage d’air. Il suffit aux utilisateurs de respecter leurs zones respectives.
Le challenge pour un établissement qui veut se doter d’un hall chirurgical n’est pas technique mais humain.
Là aussi CAHPP peut agir, en répondant à toutes les questions d’ordre technique posées par les praticiens et personnels et en les orientant vers les équipes utilisatrices qui n’hésiteront pas à partager leur ressenti. »
Miguel Lloris, Conseiller commercial régional Occitanie – Nouvelle-Aquitaine « Le hall chirurgical est un concept trop peu connu des établissements. Il répond pourtant à leurs impératifs actuels, en termes d’occupation des blocs et de contraintes budgétaires. Flux logistiques, organisations, tout est rationnalisé.
Le gain est indéniable.
La seule condition pour avoir l’adhésion des praticiens et personnels, c’est d’intégrer ce concept très en amont d’un projet de création ou rénovation de blocs opératoires. Il suffit d’y penser ! »