Olivier Toma, Fondateur de l’agence Primum Non Nocere
Quels sont les premiers enseignements que l’on peut déjà tirer de cette épidémie au regard de notre système de santé selon vous ?
Il a fallu attendre le Covid-19 pour enfin honorer les professionnels de santé ! Cette épidémie révèle leur engagement qui est sans faille. Une infime minorité a utilisé le droit de retrait : ils choisissent ce métier au risque de leur vie car pour beaucoup, ils travaillent sans protection. C’est bouleversant. Les professionnels de santé sont des gens d’exception, il ne faut avoir de cesse de les valoriser.
Ensuite, la question du lieu de production des molécules médicamenteuses et d’équipements prioritaires est vitale. Faire dépendre nos systèmes de santé de productions
importées d’Inde et de Chine est pour moi un délit. Les professionnels de santé le savaient et l’ont dénoncé, les politiques ont l’air de le découvrir !
Enfin, sans attendre, nous devons élaborer une politique santé environnementale à long terme et nous doter d’une vision à 2050. Cela nécessite un changement de paradigme : valoriser les ressources humaines actuelles, former dans notre pays les suivantes sans devoir les prélever à nos voisins, relocaliser nombre de productions de produits et équipements prioritaires dans notre pays, basculer dans une éco-conception des soins et garantir un financement juste. Cette vision holistique nécessite un pilotage unique de la santé et de l’environnement, de même qu’un unique ministère santé et environnement. Une fédération unique qui porterait la voix des établissements hospitaliers publics, privés et ESPIC s’impose selon moi.
D’une manière générale, qu’est-ce que le confinement nous apprend ?
Il nous apprend la sobriété. Le confinement nous force à réviser nos modes de consommation et nous réalisons que ce qui nous manque le plus sont les relations humaines. C’est une formidable opportunité d’expérimenter la lutte contre le gaspillage et de porter un regard nouveau sur notre société de surconsommation.
Le confinement nous apprend aussi à repenser la mondialisation et nous invite à nous concentrer à nouveau sur notre territoire. Le projet de « territoire à mission », inspiré
par la loi Pacte, que nous mettons en œuvre déjà dans deux territoires en France, est une clé majeure. Les acteurs économiques d’un territoire apprennent à se connaître et à travailler ensemble dans une logique de RSE. Il faut réancrer le commerce, le tourisme, etc dans une logique locale.
Nous observons sur le terrain une très grande motivation et bienveillance des acteurs. Il faut revenir à l’essentiel.