Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours, vos établissements en quelques mots ?
Ancien médecin généraliste cambrésien, j’ai commencé ma carrière à Escaudoeuvres en 1975.
Depuis, je n’ai pas troqué ma blouse de praticien pour me mettre au vert, bien au contraire…j’avais la réelle envie, voire le besoin, de m’ouvrir aux différents types de prise en charge et à leurs nouveautés.
En plus des soins que j’apportais, j’ai donc décidé entre autres d’aller me former aux différentes techniques telles que l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, la chronobiologie mais également la prise en charge de la douleur ou les soins palliatifs.
Toutes ces perspectives m’intéressaient et apportaient des visions nouvelles aux types de prises en charges traditionnels. Plus tard, en 1987, je me suis rendu compte qu’il manquait un établissement à Cambrai.
J’ai donc fait les démarches nécessaires et le 5 Mai 1988, nous avons reçu l’autorisation de création de lits … puis tout s’est enchaîné et j’ai essayé d’appliquer au mieux ce que j’ai appris.
Aujourd’hui, la SAS Clinique Saint Roch possède trois établissements : un à Cambrai, un à Marchiennes et un à Denain, avec un volume de 250 salariés. Nos établissements sont purement familiaux sans aucun actionnaire extérieur.
Quels que soient nos projets, nous avons toujours tenté d’optimiser notre conception de la prise en charge. Dans cette vision, toutes les équipes ont été mobilisées pour garantir le meilleur en combinant technique, technologie et bien-être.
Nos travaux ont été régulièrement primés pour nos efforts, mais nous ne souhaitons pas nous borner à toutes ces reconnaissances, toutes importantes fussent-elles.
Pour ce qui est de l’actualité nous avons commencé à mettre en place la démarche ISO 26000 spécifiquement orientée sur la responsabilité sociétale des organisations, afin d’assurer une cohérence à notre démarche générale.
Votre crédo semble être que « l’environnement où le patient se trouve joue sur son bien-être », pouvez-vous nous en dire plus ?
Disons d’abord que c’est un travail d’équipe et une prise de conscience collective où le séjour des patients mais aussi les conditions de travail des collaborateurs doivent se dérouler de la manière la plus agréable et la plus sereine possible.
Ainsi, nous essayons du mieux que nous le pouvons de dépasser les simples notions énergétiques liées au Développement Durable pour travailler également sur le bâti et le cadre de vie. Dans un premier temps au niveau du bâtiment, nous intégrons dans nos cahiers des charges des matériaux sains et si possible du crû tout en intégrant une composante artistique.
Notre programme de rénovation des chambres par exemple intègre toutes ces notions avec des peintures moins émissives de COV (composés organiques volatils), et des plaques émaillées à l’ancienne pour que les résidents s’y sentent bien.
Pour les couloirs, nous avons intégré tout un chemin de fer artistique avec des reproductions de tableaux et des informations accessibles aux personnes handicapées et aux presbytes. Dans la même idée, plusieurs chantiers sont en cours dont la création d’une unité pour personnes désorientées de type Alzheimer avec couloirs adaptés, mais aussi la réfection complète de la cantine devenant un vrai restaurant.
En parallèle, nous participons à l’appel à projets « culture et santé » (septembre 2016 à juin 2017) où nous permettons à nos patients d’aller au Musée du Louvre de Lens, au Musée Matisse, ou même au Musée de Cambrai.
Tous nos projets intègrent cette logique où nous mettons en parallèle amélioration du cadre de vie par des produits sains et matériaux nobles mais aussi où nous souhaitons apporter une touche artistique.
L’exemple de notre éco-gymnase en est assez explicite. Ce projet entièrement aux normes HQE (haute qualité environnementale) est un lieu dédié bien plus qu’au sport : il est propice à la quiétude et à la détente. Il est conçu avec fenêtres triple vitrage auto nettoyant fabriqué localement, bioclim, utilisation de la géothermie, charpente en lamellé collé, utilisation du robinier et produits sans émanations toxiques.
Econome, écologique et modulable, cet outil permet la pratique de plusieurs sports (volley-ball, tennis de table, badminton, basket, tennis, escalade…) mais il est aussi doté d’un chemin de marche, d’un écran vidéo projecteur, d’un tableau d’affichage… et philosophie du groupe oblige, d’une fresque de 8 mètres sur 2 de l’artiste algérien Mahjoub Ben Bella !
Quelle est votre vision, vos projets pour la décennie à venir ?
Pour les décennies à venir, je dirais que les établissements de santé doivent vivre l’ensemble des diverses certifications comme des prérequis et compter sur le Développement Durable dans sa globalité comme une réelle opportunité.
A mon sens, il conviendra d’envisager le bâti de manière plus globale, et ce dès sa conception, pour mieux réfléchir à son cycle de vie et à son utilisation.
Dans cette perspective, je trouve que la CAHPP et la FHP jouent un rôle fondamental pour stimuler l’hospitalisation privée dans les orientations du Développement Durable, mais plus largement dans le cadre de la RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise), et faire en sorte que l’on ne comprenne pas les améliorations du bâti comme une notion figée au seul axe des économies d’énergie.
Par exemple, grâce à la CAHPP et à la Commission DD, on peut aider les établissements à orienter leurs choix non seulement de fournisseur et de technique mais aussi sur des choix de méthodologie et de produits plus naturels (exemple : nettoyage désinfection à l’eau).
Le contexte mondial actuel est très favorable à cette orientation, et je pense qu’il est essentiel de savoir se positionner dans cet effet d’aubaine que nous propose la Loi de transition qui prévoit le bâtiment du futur plus « vert » (green building) mais aussi comme un lieu où on se sent bien.
Bien évidemment, on pourrait penser que l’on est assez loin de la médecine, mais à mon avis pas vraiment car il est de notre devoir de réfléchir et d’anticiper sur l’accueil et la gestion de nos bâtis pour encore mieux prendre en charge nos patients également dans un cadre où nos collaborateurs se sentent bien.
Il va de soi que cette perspective doit se comprendre de manière élargie au cœur de la ville, du département, de la région, dans un chaînage logique où nos établissements s’intègrent de manière harmonieuse dans la vie de la société. Par exemple, nous sommes en cours de réflexion avec l’intercommunalité pour constituer un fonds de dotation et créer à Cambrai un espace Louis Blériot où nous pourrions mettre à disposition à vie la reproduction de l’avion qui a traversé la Manche dont nous sommes propriétaires.
Contact : www.clinique-saint-roch.com