Le Dr Pierre-André Duval, ophtalmologiste à la Clinique Saint-Jean de Montpellier, redonne de la vue – en noir et blanc – à des patients aveugles. Il est le pionnier en France de la pose d’implants sous rétiniens, spécialement formé par l’unique entreprise au monde qui les développent, Retina Implant AG, basée en Allemagne.
« L’opération s’adresse uniquement aux patients aveugles à la suite d’une maladie dégénérative de la rétine, la rétinite pigmentaire. Ces patients qui ont vu dans leur vie ont une particularité, leur système de conduction de l’information, c’est-à-dire les neurones, le nerf optique et le cerveau, fonctionnent parfaitement.
Seul le système de captation de l’image, les cellules photoréceptrices, a dégénéré.
Avec l’implant sous rétinien, une petite puce est glissée sous la rétine, dans la macula. Elle va capter à la place des cellules photoréceptrices les images, les informations lumineuses venant de l’extérieur, et va les transformer directement point par point en une impulsion électrique, transmise aux neurones, qui eux fonctionnent et conduisent cette information lumineuse jusqu’au cerveau. Cette puce, unique sur le marché, est implantée chez l’homme depuis trois ans. Elle mesure 4 mm sur 3, pour une définition de 1 600 pixels, c’est-à-dire un champ de vision assez res-
treint, à 13°, ce qui n’est déjà pas si mal. La personne implantée peut moduler la sensibilité de l’implant en fonction de la lumière ambiante à l’aide d’un dispositif extérieur de la taille d’un télé-
phone, relié par un câble à un connecteur aimanté, qui vient se plaquer sur un petit boîtier sous-cutané derrière l’oreille. La communication entre le dispositif et le connecteur se fait par induc-
tion. Libre à la personne de brancher ou non son connecteur.
Les gains pour la personne sont considérables. Imaginez une personne aveugle, soudain capable de suivre une ligne blanche, de distinguer les bandes blanches d’un passage pour piétons, de
voir un encadrement de porte, des silhouettes, des zones claires et sombres, de trier des chaussettes blanches et noires, etc. Cela peut paraître peu pour nous, mais pour cette personne, c’est beaucoup. Les nouvelles générations de puces devraient d’ail- leurs offrir une définition de 5 000 pixels, tout en étant entièrement wireless. »
L’avenir de cette technologie est prometteur. Les chercheurs de Retina Implant AG envisagent d’ici 2025 de développer une nouvelle génération de puces sans fil. Cependant, alors que cette technologie fonctionne, est plébiscitée par les patients et qu’elle bénéficie d’un Forfait innovation par la HAS, avec une enveloppe budgétaire spéciale en attendant sa généralisation par l’Assurance maladie, l’entreprise allemande se bat avec ses actionnaires pour sa survie. « La recherche et l’innovation ont un coût et si les budgets ne sont pas là, tout s’effondre. En attendant nous avons une file de patients prêts à se faire implanter et espérons éviter la catastrophe, c’est-à-dire la
fermeture de l’entreprise Retina Implant.