BlogLa parole aux adhérents

Amélie Leclair, Directrice de l’association – Maison des âges et des cultures

Combien de fois nous nous sommes dit que la situation paraissait impossible à gérer… et maintenant on ne se pose pas la question, on le fait ! Nous avons eu de la chance, personne n’a été malade jusqu’à aujourd’hui, ni dans l’équipe ni dans les résidents. A posteriori, nous constatons que les résidents ont été très patients. Certains ont vite compris le risque et ont eu peur pour eux, ils ont eu aussi peur pour l’équipe. Surtout, ils ont très bien compris que tout le monde était confiné, que les établissements étaient fermés et que les familles ne pouvaient pas venir. Pendant cette période, nous avons fait le contraire de ce que pour quoi notre secteur d’activité existe : fermer les portes, couper les liens, etc. Nous n’avons pas ressenti le confinement car nous avons tous travaillé et étions confinés ensemble, et nous avons eu du mal à rouvrir les portes car la crainte était présente.

La vie commune à l’intérieur de la maison a manqué aux résidents. Ils demandaient » quand est-ce qu’on retourne en salle à manger ? » Nous avons redémarré cette vie collective d’abord avec ceux qui en avaient le plus besoin et avons pris le temps d’étudier comment respecter les recommandations. Ces efforts ont été bénéfiques pour eux.

Réorganiser les visites des familles a ensuite été compliqué et pour cela, nous avons sollicité l’aide de bénévoles. Les familles sont désormais accueillies les après-midi. Nous avons reçu beaucoup de soutien de leur part. Certaines familles nous disaient » on avait peur que vous déconfiniez trop vite, tant mieux que vous ne rouvriez pas tout de suite « .

Lors de la réouverture, j’ai eu l’impression d’ouvrir une nouvelle activité. Toute l’équipe était sur place mais il a fallu réorganiser progressivement la venue des intervenants extérieurs comme les coiffeuses : expliquer la charte de bonne conduite en contexte de pandémie, etc.

La vie commune reprend son cours. Nous avons tout d’abord organisé le déjeuner dans la salle à manger ; le soir, les résidents restaient en chambre. Puis, des résidents ont exprimé leur souhait de continuer ainsi et d’autres ont demandé à dîner ensemble. Nous n’avons pas les ressources humaines pour répondre aux deux situations même si j’ai très à cœur, de respecter ce que les résidents veulent. Nous réfléchissons à trouver une solution intermédiaire. Notre ligne de conduite est de modifier nos organisations sans attendre de se retrouver dans une situation délicate : il faut anticiper. Notre regard a changé.

Comme pour tous, nous avons bataillé pour disposer des équipements de protection nécessaires. L’ARS des Pays-de-Loire nous a approvisionnés en masques et tabliers à usage unique à partir de début avril ce qui nous a permis de travailler dans de bonnes conditions. En attendant, nous avons trouvé une société à 15km qui fait des masques en tissus très léger, nous avons récupéré des chutes et sorti le pistolet à colle, nous avons reçu beaucoup de soutien pour cette confection. Mme Chopin de CAHPP nous a aidé pour l’approvisionnement en désinfectants car notre fournisseur principal ne pouvait pas assurer les commandes.

Nos salariés ont le sentiment du travail bien fait. Ils se sont fortement mobilisés. Certains demeurent inquiets, d’autres au fil du temps relâchent un peu leur vigilance et nous agissons pour que tous la maintiennent en répétant les consignes.